Campanules
☼ ☼ ☼
Il existe près des écluses
Un bas quartier de bohémiens
Dont la belle jeunesse s'use
À démêler le tien du mien
En bande on s'y rend en voiture,
Ordinairement au mois d'août,
Ils disent la bonne aventure
Pour des piments et du vin doux.
On passe la nuit claire à boire
On danse en frappant dans ses mains,
On n'a pas le temps de le croire
Il fait grand jour et c'est demain.
On revient d'une seule traite
Gais, sans un sou, vaguement gris,
Avec des fleurs plein les charrettes
Son destin dans la paume écrit.
J'ai pris la main d'une éphémère
Qui m'a suivi dans ma maison
Elle avait des yeux d'outremer
Elle en montrait la déraison.
Elle avait la marche légère
Et de longues jambes de faon,
J'aimais déjà les étrangères
Quand j'étais un petit enfant !
Celle-ci parla vite vite
De l'odeur des magnolias,
Sa robe tomba tout de suite
Quand ma hâte la délia.
En ce temps-là, j'étais crédule
Un mot m'était promission,
Et je prenais les campanules
Pour des fleurs de la passion.
À chaque fois tout recommence
Toute musique me saisit,
Et la plus banale romance
M'est éternelle poésie
Nous avions joué de notre âme
Un long jour, une courte nuit,
Puis au matin : "Bonsoir madame"
L'amour s'achève avec la pluie.
Un bas quartier de bohémiens
Dont la belle jeunesse s'use
À démêler le tien du mien
En bande on s'y rend en voiture,
Ordinairement au mois d'août,
Ils disent la bonne aventure
Pour des piments et du vin doux.
On passe la nuit claire à boire
On danse en frappant dans ses mains,
On n'a pas le temps de le croire
Il fait grand jour et c'est demain.
On revient d'une seule traite
Gais, sans un sou, vaguement gris,
Avec des fleurs plein les charrettes
Son destin dans la paume écrit.
J'ai pris la main d'une éphémère
Qui m'a suivi dans ma maison
Elle avait des yeux d'outremer
Elle en montrait la déraison.
Elle avait la marche légère
Et de longues jambes de faon,
J'aimais déjà les étrangères
Quand j'étais un petit enfant !
Celle-ci parla vite vite
De l'odeur des magnolias,
Sa robe tomba tout de suite
Quand ma hâte la délia.
En ce temps-là, j'étais crédule
Un mot m'était promission,
Et je prenais les campanules
Pour des fleurs de la passion.
À chaque fois tout recommence
Toute musique me saisit,
Et la plus banale romance
M'est éternelle poésie
Nous avions joué de notre âme
Un long jour, une courte nuit,
Puis au matin : "Bonsoir madame"
L'amour s'achève avec la pluie.
Louis Aragon
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Les souvenirs d'Aragon ne sont pas les miens.
RépondreSupprimerPas des "fleurs de la passion" les campanules de mon enfance, mais des fleurs de poésie, oui !
Les campanules de mon souvenir poussaient dans les prés du village de mes grands-parents lorrains, j'avais plaisir à en cueillir de beaux bouquets.
Merci pour ces belles photos qui me les rappellent et bonne semaine, Daniel
☼ ☁️ ☼ ☂ ☼ ☁️ ☂ ☼ :-)
Et ben alors l'amour doit être ici et là partout en ce moment car il pleut ! J'ai toutefois pu noter que mes campanules sont fleuries. Elles poussent aussi en hautes hampes.
RépondreSupprimerLes campanules de Tilia devaient être celles-ci >
http://cergipontin.blogspot.fr/2012/08/les-campanules-bellflowers.html
PS : il me faut faire un tri dans mes livres, je ne retrouve pas celui qui associe un poème à chaque fleur, il n'est plus où il devrait être
SupprimerDes photos magnifiques et un poème superbe, merci beaucoup pour ce beau partage, belle journée, bises !
RépondreSupprimerMerci pour ces photos si fraîches et pour ce beau poème, si bien chanté par Léo Ferré , entre autres interprètes.
RépondreSupprimerAprès Ferré, Montand, la version de Sansévérino apporte du neuf:
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=OODwvqIDYco
La photo 3 est extraordinaire par son harmonie!
RépondreSupprimerMerci pour ces photos , j'en ai vu durant mon périple sans connaitre leur petit nom .
RépondreSupprimerAragon reste un incontournable pour nous parler des fleurs !
Bonne journée
Coucou Daniel !
RépondreSupprimerJolies ces fleurs des champs.
Merci pour le poème d'Aragon.
Bises